dimanche 12 août 2018

"Il est gentil, le poney !"


Il y a un peu plus d'un mois, Bingo et moi, nous avons participé à notre tout premier concours ensemble.
Rien de foufou, club 3, sans objectif, si ce n'est une découverte pour le poney.
Je l'avoue volontiers, mon tour était dégueulasse. Tracé tout pourri, je me suis plantée deux dans le parcours en récupérant le chemin au dernier moment, bref, ce n'était pas la performance du siècle. Bingo quant à lui a été mignon comme tout, et il n'a pas touché une barre.

Ca c'était l'introduction.
Au 10, j'ai fait un peu la fofolle. Pour résumer, je ne savais plus où était mon obstacle, je l'ai vu au dernier moment, et on l'a pris en biais. Bingo l'a très bien sauté.
Tout ça pour dire qu'en sortant de la piste, j'ai entendu une jeune fille dire (pas du tout discrètement) "Ah bah il est gentil, le poney !"
Le genre de phrase classique qu'on entend classiquement de la bouche des classiques mauvaises langues.
Il y a quelques années, ça m'aurait touchée, vexée. Mais aujourd'hui, non.

Est ce que Bingo est "gentil" ?
Bingo est câlin, il peut être généreux, il est parfois calme, bon compagnon. Mais là, on parle du "gentil" dans le sens "il pardonne tout", "il fait tout", "il est facile". Et là, je serais plus nuancée.

Quand je travaillais Bingo et qu'il n'étais pas encore à moi, une fois, je lui ai demandé de chasser les hanches. Il n'a pas comprit, il s'est cabré, et je n'ai rien pu faire par la suite.
Au premier obstacle qu'on a passé en selle, je suis tombée, parce qu'il a fait demi-tour APRES l'avoir sauté.
Quand le coach est monté dessus pour la première fois, il a dit "j'espère que je ne vais pas tomber, parce qu'il sait se fâcher".
Une fois, en balade, il s'est arrêté pour regarder un affreux tronc d'arbres. Au bout d'un moment, j'ai mis les jambes. Il s'est cabré en reculant, on est tombés dans un fossé.
Il y a encore peu de temps, à l'obstacle, il commençait systématiquement la séance en m'embarquant comme un bourrin, l'encolure verrouillée et les postérieurs bien en dessous, prêt à pirouetter à tout moment.
Quand on met trop de main, il se cabre.
Quand on met trop de jambes, il bondit (dans les fossés, éventuellement).
Quand on est trop doux, il fait le con.
Quand on est trop dur, il se fâche.
Il n'a pas peur de se retourner.
Il sait tomber dans les fossés.

Le gentil poney !


Comme ça, on dirait un monstre. Mais finalement !
On a beaucoup travaillé. Sur le plat, à l'obstacle, en balade. J'ai apprit à lui dire non quand il le faut, j'ai aussi apprit à faire des concessions. J'évite les conflits avec lui, mais je ne le laisse pas gagner.
On a passé des mois à ne faire que les bases. Transitions, direction. Contrôler l'allure, le concentrer, répéter, répéter, répéter.
On a sauté. Petit, très petit. Mais dans le contrôle.
On a vu autre chose. On est sortis en rando, on a testé un peu d'équifun, de pony games.
Et puis, on a progressé. 

On a sorti, rentré les épaules. Les hanches. On a fait des cessions. Des têtes au mur. On a sauté plus haut, ou plus complexe. On a fait des virages serrés. On a sauté des directionnels. Des barres, d'abord, mais aussi des cubes, des pneus, des plots. On a sauté en biais. On a sauté des fossés, des troncs.

Il y a eu des hauts, des bas. Parfois, je me suis demandée pourquoi j'avais acheté ce poney. Parfois, j'ai pleuré. Toujours, je me suis rendue compte d'où on partait, et où on en était.
Au début le coach disait "ça serait dangereux de faire un parcours". Puis "c'est encore un peu tôt pour les concours". "Vous n'êtes pas tout à fait prêts, si c'est difficile ici, imagine en concours". "Il a progressé, bientôt les concours !"
Et enfin "Quand est ce qu'on le sort ?"

Et on a fait le concours. Et c'était moche. Mais c'était bien.
Quand j'ai vu le 10, là, à deux foulées, je suis rentrée dans ma selle, j'ai regardé loin, et je lui ai demandé.
Et ça, il l'avait déjà fait. Et il m'a écoutée. Il l'a sauté.
Et "il est gentil, le poney !"

Je suis fière d'avoir un gentil poney. Parce qu'on a travaillé pour en arriver là, parce que je savais qu'il pouvait le sauter, si je lui demandais bien, parce que je sais que si c'est parfois dur à la maison, c'est pour que ce soit facile en concours.
Si on n'avait pas réussi à sauter, si je m'étais faite embarquée, si ce tour avait été un cauchemar, j'aurais été déçue en me disant qu'on était pas prêts.
Mais il a bien sauté, il m'a écoutée, il a été concentré, il était gentil, le poney ! Et je suis fière de lui.

Souvenez vous, "il vaut mieux monter un lion qui a l'air d'un agneau, qu'un agneau qui a l'air d'un lion" (citation de je-ne-sais plus qui, mea culpa)
Ca, c'était le 10.


Photos Romain Ozolain Jump'pix
et Forever des Etoiles

5 commentaires:

  1. Bravo pour tout ce travail qui te permet d'avoir un poney «gentil» dans une situation un peu compliquée. Oui, tu peux être fière de vous deux!

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  2. Oh que je connais ce genre de parcours... Partir de loin, se battre, échouer, recommencer, travailler, être fière finalement. Les gens se font des conclusions sur une image, un instant. Ils ne voient pas tout ce qu'il y a derrière. A h oui, à ce moment là, il est gentil le poney, il est facile le poney. Mais dans ces cas-là, j'ai envie de leur dire de monter dessus et on verra ou de leur faire vivre tout ce qu'on a pu vivre avant. C'est un débat sans fin. Il y aura toujours ce genre de cavaliers en bord de piste qui jugeront, qui savent mieux que tout le monde. Mais l'essentiel, c'est quand même que tu sois fière de vous 2 !

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  3. On a le poney que l'on mérite, tout simplement. Et c'est exactement ce que je pense après avoir lu ton article.
    Bonne continuation à vous deux ��

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  4. Hello les filles, je vous répond à toutes les trois en même temps avec beauuuucoup de retard :/ Désolée, je viens de voir vos commentaires, Blogger a soudainement décidé de ne plus m'envoyer de notifications...
    Bref, merci à toutes pour vos gentils mots, il y aura toujours du monde pour juger hâtivement!

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