mercredi 27 décembre 2017

In Equus Veritas

Il m'arrive de mentir, parfois. Ou souvent. En fait, je camoufle la réalité.
En général, c'est quand je ne vais pas très bien. Premièrement, je n'aime pas que l'on s'inquiète pour moi. Et deuxièmement, c'est peut-être idiot, mais j'ai l'impression de passer pour quelqu'un de faible, de fragile, ou de je ne sais quoi encore.
Bref, à la question "ça va ?", je répond presque systématiquement "oui, très bien."

C'est ce que je répond après une chute de cheval, quand je suis épuisée, surmenée, à bout de nerfs, malade ou blessée. Quand je suis triste, en colère, angoissée. Et quand je dis "non, ça ne va pas", c'est que je ne peux plus le cacher.
En général, ça passe. Car je répond rapidement, avec un sourire, et je change de sujet. Et puis avouons le, on pose cette question machinalement, avant d'entamer une conversation qui porte sur tout autre chose.
Mais il y a quelqu'un qui ne m'a jamais crue. Bingo.

Les animaux ont cette capacité de sentir, comprendre, voir ce que l'on ne dit pas. Et dans cette catégorie, je pense que Bingo me connait parfaitement.
Après une longue période de convalescence, je suis remontée à cheval. J'avais un peu la trouille car j'étais très raide, j'avais l'appréhension de la blessure et le spectre de mon petit poney sauvageon en tête. Pourtant, j'ai dit "Ca vaaaaaa, j'ai plus mal !" Et bien croyez le, croyez le pas, Bingo n'a jamais été aussi calme, doux et tranquille que ce jour là.

Une autre fois, je suis allée monter poney après une journée particulièrement agaçante : bouchons, attente interminable chez Orange et arrivée très tard aux écuries. "Tout va bien" ! Pourtant, mon énervement devait être perceptible, car lors de cette séance, Bingo était ultra-tendu et fort peu disposé à m'obéir.

Enfin, il y a quelques semaines, épuisée après une longue semaine, j'ai voulu partir en balade. Rien de bien foufou, mais ce jour là, Bingo avait décidé que c'était "NON". Il était soudainement effrayé par la porte du club, la souche du chemin habituel, les poules du voisin... Habituellement, je ne cède pas, je le rassure tout en restant ferme. Mais ce jour là, j'étais certainement trop fatiguée pour aller au bout. Et j'ai abandonné.

Je ne peux pas lui mentir, à lui, il le sait, quand ça ne va pas. Mais fort heureusement, il le sait aussi, quand tout va bien.
La semaine dernière, il m'a offert son tout premier changement de pied. Et vous savez quoi ? Tout allait bien, ce jour ci !

Article rédigé dans le cadre de la cavalcade des blogs, organisée ce mois ci par Horse Hints, que l'on remercie pour le super-compliqué sujet "In Equus Veritas" ^^

5 commentaires:

  1. ça y est, article lu ;)
    Merci pour ce partage. Beaucoup le disent... peu l'assument à titre personnel. Bravo !

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  2. Mais comment font ils pour tout savoir comme ça ! Les chevaux lisent parfois en nous comme dans un livre ouvert. Je suis d'accord avec toi impossible de leur cacher quoi que ce soit ! Peut être même s'en amusent ils quand ils voient que l'on essaye de faire comme si tout allait bien :) Y a que les humains qui sont dupent (ou qui s'en foutent) car j'ai aussi la même réaction de mes chiens !!

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    1. Mais oui, comment font-ils, c'en est presque agaçant parfois ! Mon chat aussi sent ce genre de choses, mais bon, avec lui, la réponse est moins sévère ^^

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  3. Joli témoignage :) il y a en effet très souvent une magie inexpliquée dans la relation cheval-cavalier. J'ai l'impression que peu s'en rendent compte car, s'il est assez naturel pour le cheval de se mettre au diapason de ses proches, l'humain a perdu en partie cette faculté et peu d'entre nous sont capables de simplement reconnaître que ce lien existe :)

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