lundi 6 novembre 2017

Ai-je progressé ou... Régressé ?


Bonjour à tous !

Comme vous le savez, j'aime bien raconter mes petites histoires, mes petites anecdotes... A l'image de ma pause forcée, je vais aujourd'hui aborder un sujet un peu compliqué pour moi, que j'ai encore du mal à assumer.

Récemment diplômée, je suis désormais apte à donner des cours, et mes aptitudes équestres sont officiellement reconnues. Pourtant, la vision de mon équitation, mon niveau, mes éventuels progrès... Tout cela a été confus jusqu'à quelques jours seulement.

Comme vous l'aurez compris, j'ai été l'année dernière en formation équestre. Et qui dit formation dit pratique quotidienne, et ce, plusieurs heures par jour. Les progrès devraient être fulgurants, n'est ce pas ? Pourtant, il n'en est rien. A vrai dire, à certains moments, j'avais même honte, que l'on me voie monter. Je n'assumais pas mon équitation. Il m'aura fallu beaucoup de recul pour comprendre ce qu'il se passait.

(Article rédigé dans le cadre de la Cavalcade des blogs, sur le thème de la progression, lancé ce mois-ci par Les Super Cavaliers)

Mon équitation, avant.

Avant mon entrée en formation, mon équitation était plutôt classique. J'avais apprit à monter en centre équestre et étais cavalière depuis une bonne douzaine d'années.
Bien que ma position n'ai jamais été parfaite, elle était loin d'être affreuse mais surtout, je connaissais mes défauts : bassin mal positionné qui entraînait des épaules légèrement en avant, pieds en canard. Je connaissais aussi mes qualités : bonne assiette (dans le sens où je tiens à cheval), regard toujours panoramique.
Concernant mon efficacité à cheval, j'avais la chance d'avoir une main plutôt juste mais des jambes manquant d'efficacité, un bon "feeling" mais beaucoup de raideurs notamment dans le haut du corps. Bref, une cavalière avec ses qualités et ses défauts, mais surtout, je savais me situer.
De plus, je pouvais ajouter à ça une expérience personnelle en équitation d'extérieur, ayant la chance de participer depuis mon enfance à des rallyes et randonnées tous les étés. Etant également très intéressée par l'éthologie scientifique mais aussi par les nombreux ouvrages d'équitation comportementale, de grands maîtres, de cavaliers... Bref, ces annexes enrichissaient mon équitation.

2015 Photo non représentative, puisqu'à l'arrêt en remise des prix... Mais j'ai peu de photo nettes de cette époque


Le grand chamboullement

Ces acquis ont, très rapidement, été chamboulés dès mon entrée en formation. En effet, l'équitation que l'on nous a enseigné fut très, très, très comportementale. La plupart des principes de l'équitation classiques étaient vus, abordés différemment. Alors des contradictions flagrantes sont apparues :
- Rentre tes pointes de pieds ? Sors tes pointes de pieds ?
- Contact constant ? Zéro contact ?
- Ouvre les genoux ? Serre les genoux ?
Chaque méthode avais ses arguments, et la plupart du temps, tous étaient valables. Alors, à force d'appliquer ici une telle équitation, et là une autre, j'ai eu la sensation, je pense légitime, que ma position s'est altérée.
J'ai commencé à avoir la jambe en avant. Puis, à regarder par terre. Mes épaules sont passées devant. J'ai rebondit dans la selle.
Certes, je n'étais pas revenue débutant, mais quand on aspire à enseigner, comment assumer de tels défauts ?

Comprendre le changement

Suite à ma pause précédemment citée, mais défauts se sont accentués, mais ceux là, je les ai tout de suite compris. En effet, après avoir vécu deux accidents en un peu plus d'un an, les problèmes physiques ont repris le dessus, à savoir un déplacement du bassin, un genou bloqué et un déplacement cervical.
Mais surtout, j'ai repris l'équitation avec l'aide d'un moniteur qui m'a redonné mes sensations, sans juger ma position. Et après certaines séances mémorables, j'ai comprit.
Oui, ma position s'est détériorée, c'est indéniable. Les conseils que l'on me donnaient, que je les connaisse depuis toujours ou qu'ils soient nouveaux sont différents, parce que nous le sommes tous. Physiquement, certaines choses que l'on m'a toujours enseignées, me sont impossibles à réaliser. Il en va de même pour les nouveaux. Il y a du bon à prendre dans chacun, il ne me reste plus qu'à trouver ce qui me convient. Et qu'importe, que je sois moche à regarder, tant que je ne gène pas mon cheval, et que je reste efficace ?
Surtout, ces enseignements qui n'ont pas été bénéfiques pour ma position, se sont avérés miraculeux pour d'autres choses... Mes jambes ? Elles sont aujourd'hui, bien plus efficaces qu'avant.
J'exécute désormais des exercices qui m'auraient parus impossibles avant. Ma formation m'a aidé à comprendre beaucoup de choses et a contribué à éduquer mon poney. Je n'ai plus peur de sauter sans rênes, de faire du cross sans étriers, de lâcher mon cheval.

Je n'ai pas régressé. Mon équitation a changé.

Et vous savez quoi ? Je tiens encore mieux à cheval (en témoignera Bingo, spécialiste du demi-tour cabré inopiné)
Septembre dernier. Epaules crispées, bassin bloqué, jambe en avant... Je n'assume pas du tout cette photo mais... Je la publie quand même car il faudra bien que je l'assume un jour !

6 commentaires:

  1. J'aime bien tes articles car tu es toujours très honnête dans ta façon de raconter tes histoires ! Les principes de ta formation étaient différents et cela t'as déstabilisée ... Mais je pense que toutes les formations sont déstabilisantes. On ne prends pas un nouveau contenu pour l'aligner avec l’ancien... on se déforme pour se reformer ( je sais pas si c'est clair). Moi j'ai toujours eu la sensation que les formations déconstruisaient quelques chose en moi pour reconstruire ensuite une nouvelle chose, faite de l'ancien et du nouveau. C'est pour cela qu'il est dur de se former, il faut de la volonté et une sacré dose de courage ! Mais les cavaliers aiment bien les défis, non ? En tout cas bravo pour ton article et fait toi plaisir à cheval !!

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    1. Merci beaucoup pour ton retour !
      C'est vrai que depuis cette formation, je suis une cavalière différente d'avant, et c'est assez dur à expliquer... Avec certes peu de recul, mais un petit peu quand même, si c'était à refaire, je le referais.

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  2. Très intéressant cet article. C'est parfois difficile de faire la part des choses surtout quand on a plusieurs sont de cloche. Je trouve que c'est très bien dit "il ne me reste plus qu'à trouver ce qui me convient. Et qu'importe, que je sois moche à regarder, tant que je ne gène pas mon cheval, et que je reste efficace ?" Je suis tout à fait d'accord.
    Très bonne continuation et au plaisir de te lire ! :)
    Claire & Moka

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  3. Bonjour Lisa ��
    Tout d’abord je te félicite pour ton article écrit avec beaucoup d’honnêteté et si cela peut te rassurer mon année de BPJEPS fût également assez difficile, je montais seule depuis quelques années et j’ai pris une grosse claque au début de la formation !!
    J’ai l’impression d’après ce que tu expliques dans cet article, que certaines déficiences physiques sont en grande partie la cause de tes difficultés de position et de fonctionnement à cheval.
    Peu de cavaliers savent à quel point cela peut être un handicap dans leur progression.
    Contrairement à de nombreux pays, l’équitation en France a encore beaucoup de retard sur le sujet. Prêter de l’importance à sa condition physique et apprendre à l’améliorer ne fait pas encore partie de l’apprentissage des cavaliers, ni même des enseignants… ! (souplesse, tonus musculaire, endurance, coordination,…)
    Cependant une prise de conscience est en marche, il faudra juste être patient pour que cela se généralise. C’est pourquoi j’ai choisi dans mon blog mettre la priorité sur la préparation physique parce que je suis certaine que cela pourra aider beaucoup de cavalier à améliorer leur équitation :)

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    1. Coucou Nathalie,
      c'est vrai que certains problèmes physiques m'empêchent (et m'empêcheront probablement toujours) de progresser sur certains points, mais j'y travaille !
      Je le sais, mais le plus dur, c'est surtout le regard des autres. En général, on ne me le dit pas clairement, mais beaucoup de personnes mettent en doute mes capacités à enseigner étant donné que mon équitation n'est pas parfaite.
      Sur ce point je suis d'accord avec toi, la France à beaucoup à faire. Sans parler de handicap, car mes pathologies ne sont pas assez lourdes pour les qualifier de telles, il faudrait beaucoup plus prendre en compte les capacités physiques de chacun.

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    2. Des gens qui mettront en doute tes capacités à enseigner il y en aura toujours, peu importe les raisons, surtout les premières années. C'est avec le temps, la pratique, l'expérience puis les résultats et si on continue à se former régulièrement que l'on devient vraiment bon et crédible dans ce métier.
      Courage et patience, si tu aimes ce que tu fais, tu y arriveras.
      Et n'hésites pas t'éloigner et à changer de structure si tu es entourée de personnes malveillantes...

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